Jusqu’à ce que la soirée vacille est une invitation à se rassembler pour danser.
Une personne découvre la piste de danse et ne la trouve pas très accueillante. Aucune musique, à peine quelques basses lui parviennent.
Malgré cela, des personnes dansent, éclairées par des projecteurs qui suivent leurs déplacements. Et plus elles s’approchent les unes des autres, plus elle semblent prendre du plaisir à danser.
La personne qui vient d’arriver ose alors mettre un pied sur la piste : un projecteur l’accueille d’un disque lumineux, un son lui parvient. Un danseur passe à côté d’elle, porteur d’un autre son, d’une autre partie du mix de la même musique. Elle suit ce danseur qui se joint aux autres. Ensemble iels rassemblent toutes les couches sonores d’un même morceau et au milieu de cette bulle musicale un véritable dancefloor s’épanouit.
Une nouvelle personne s’approche de la piste de danse et les regarde, incrédule.
Jusqu’à ce que la soirée vacille utilise des enceintes ultra directionnelles, sortes de canons à son de deux mètres de diamètre, où seules les personnes situées dans ce faisceau entendent ce qui est joué. Ces enceintes sont couplées à des projecteurs asservis, de ceux qui sont utilisés dans les concerts pour projeter des faisceaux de lumière dans la direction souhaitée. Ainsi, à chaque faisceau lumineux est associé un faisceau sonore.
Ce système permet de décomposer les différentes couches d’un morceau de musique et de faire jouer une seule de ces couches à chaque faisceau. Un faisceau joue la base rythmique, un autre la basse, un troisième la mélodie, etc. C’est seulement lorsque les faisceaux se croisent que l’entièreté du morceau peut être appréhendée.
Ce système permet également de faire cohabiter sur un même dancefloor des styles de musique différents : un faisceau propose de la techno, un autre faisceau joue du hip-hop, un troisième de l’électro-trad, le dernier de la musique punk. Une salle, quatre ambiances, permettant aux participant.e.s de changer d’univers musical en quelques pas, proposant à un.e observateur.ice extérieur.e un spectacle incongru d’individus qui dansent de manières très différentes sur une même piste.
Ce système permet enfin de parler à quelques personnes sans que les autres n’entendent ce qui est dit, comme si on leur chuchotait à l’oreille.
Jusqu’à ce que la soirée vacille est un spectacle orchestré par deux personnages casqués qui accueillent les participant.es : ces personnages demeurent muets pour le public extérieur à la piste de danse alors qu’ils communiquent avec les danseur.euses. Ces deux personnages embarquent un.e à un.e les partcipant.es, en leur chuchotant à l’oreille et en les encourageant à s’emparer du dispositif et à oser danser ensemble. Un fil narratif accompagnera les participant.es vers la finalité secrète de ces personnages venus d’un ailleurs : embraser la foule.
L’idée de Jusqu’à ce que la soirée vacille est née pendant la pandémie et son confinement, ce virage qu’a pris l’humanité parmi les nombreuses alternatives qui suffiraient à peupler un multivers. Les personnages casqués viennent d’un univers parallèle et comprennent qu’ici, les animaux humains conservent quelques séquelles d’une période trouble où ils ont dû apprendre à se distancer les un.es des autres. Ils prennent alors à coeur de faciliter les rapprochements et les contacts. Comme une allégorie du vivre ensemble, ce spectacle participatif invite à déboulonner les barrières qui empêchent de faire œuvre commune.
Conception, écriture, programmation et jeu : Yragaël Gervais
Ecriture et scénographie : Sarah Grandjean
Création sonore et jeu : Thomas Georget
Mise en scène collective
Production : Noémie Vila pour La Station Magnétique
Distribution et production en cours
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